Jaunay-Clan, l’histoire du nom

Généralité

Jaunay-Clan, une commune aux multiples facettes, invite ses habitants à un voyage à travers les siècles pour découvrir l’histoire captivante de son nom et du site de « La Viaube ». Autrefois connue sous le nom de Gelnacum, qui provient du nom de Gallinus et du suffixe « Acum », la commune englobait un domaine agricole avec une villa et des dépendances, ainsi qu’un grand domaine immobilier rural abritant des commerces, des artisanats, des thermes et des temples. Une véritable petite cité en son temps.

Le blason de Jaunay-Clan, remontant au Moyen Âge, a marqué l’identité de la commune pendant plusieurs décennies. Ce blason trouve ses origines dans un sceau daté du 11 juin 1301, apposé sur un parchemin qui enregistre le don effectué par Philippe Giraud de la Père de Jaunay à La Peronnelle, fille de feu Pierre Beril. Ce sceau appartient à Pierre de Somelen, bailli de l’Abbesse de Fontevrault à Jaunay, devant qui l’acte a été passé.

Les découvertes archéologiques menées par M. Maurice Taillet dans les années 1950 ont révélé l’existence de Jaunay-Clan sous un autre nom à l’époque préhistorique (3000 ans avant Jésus-Christ) et protohistorique (période gauloise). Les habitants de la station protohistorique de La Viaube, des agriculteurs vivant dans des huttes construites sur du limon, exploitaient des champs fertiles mais peu riches en raison de la sécheresse. L’agriculture était complétée par un élevage modeste, témoignant d’une économie rurale florissante.

Jaunay-Clan est un lieu empreint d’histoire où chaque nom, chaque vestige raconte une histoire fascinante. Du nom originel de Gelnacum à travers les siècles jusqu’aux traces des premiers habitants de La Viaube, la commune dévoile progressivement ses secrets aux curieux qui souhaitent comprendre son passé. Une invitation à explorer l’histoire ancienne qui a façonné la commune telle que nous la connaissons aujourd’hui.

De Gallinacum à Gelnacum, l’influence de Saint-Léger

Au cœur de l’histoire de notre commune, un fait méconnu émerge, celui de la vie de Saint-Léger, l’évêque d’Autun. Né vers l’an 616 et élevé par son oncle, l’évêque de Poitiers, Saint-Léger fut ordonné prêtre dans cette ville vers 661. Cependant, son destin tragique le conduisit à être exécuté le 2 octobre 679 ou 680 dans une forêt du diocèse d’Arras, où il repose désormais en tant que saint martyr.

Après son inhumation, les pèlerins qui se recueillaient sur sa tombe firent l’observation de nombreux miracles, consacrant ainsi la sainteté de Saint-Léger. Une question épineuse se posa alors : trois personnes revendiquèrent le droit de posséder ses reliques. Parmi eux, Ansoald, évêque de Poitiers, Vindicien, évêque d’Arras, et Herméniaire, le successeur de Saint-Léger à Autun. Le choix divin s’orienta en faveur de Poitiers.

Ansoald dépêcha son abbé, Audulf, pour récupérer les précieuses reliques et les transporter avec tout le respect qui leur était dû jusqu’en Poitou. C’est ainsi que commença un long voyage parsemé de miracles, où la dépouille de Saint-Léger suscitait l’admiration et l’émerveillement partout où elle passait.

Lorsque le cortège arriva au bourg de Salines (Cenon), situé au confluent de la Vienne et du Clin (Clain), une traversée s’imposa. La rivière fut franchie en barque après de nombreuses péripéties, tandis qu’un gué permit le passage sur l’autre rive. Ansoald se rendit à la rencontre du cortège, et c’est près de Poitiers, à Gelnacum (actuel Jaunay-Clan, selon Dom. Bouquet), que se déroula cette rencontre. Le chemin de Beaumont, aujourd’hui existant, semblerait être le lieu propice à cette rencontre.

Une traduction d’un document, réalisée par J.B Pitra, fait mention d’une femme à l’apparence de poule qui se trouvait à ce lieu de rencontre. Au passage du cortège, son infirmité fut miraculeusement guérie, et les pèlerins baptisèrent cet endroit Gallinacum.

Toutefois, cette affirmation nécessite une vérification, car le document traduit par Pitra est daté de 659, alors que l’exécution de Saint-Léger remonte aux environs de 680. Néanmoins, il est possible qu’un moine accompagnant le cortège ait fait un lien entre le village de Gallinacum et l’apparence de la dame.

Ainsi, Gelnacum, le premier nom connu de la commune de Jaunay, pourrait dériver de Gallinacum, signifiant « appartenant à Gallinus », un grand chef romain. Au fil du temps, le bourg ou la cité de Gallinus (Ad vicum Gallinacum) se transforma en Gelnacum à l’époque mérovingienne, puis, une fois les noms francisés, en Jaunay. Enfin, par l’adjonction du nom du village de Clan, la commune devint Jaunay-Clan.

Ainsi se dévoile un pan fascinant de l’histoire de Jaunay-Clan, marqué par la vie de Saint-Léger et une rencontre miraculeuse qui a forgé l’identité et le nom de notre commune. Une histoire riche en légendes et en spiritualité qui mérite d’être célébrée et transmise aux générations futures.

De Gelnacum à Jaunay-Clan

L’étude des textes anciens révèle différentes orthographes pour désigner Jaulnay, témoignant de l’évolution du nom de cette localité au fil des siècles. Les plus anciens documents font mention de deux formes, Gelnacum et Gallinacum. Ces variantes sont mentionnées dans des textes historiques tels que la « Vita S. Leodegarii » et la « Vita ejusd. auct. Frulando ». La première mention, « Gelnacum », est extraite d’un récit relatant l’arrivée d’une procession accompagnant les reliques de Saint Léger à cette localité. La seconde mention, « Gallinacum », apparaît dans une autre source.

Au fil du temps, d’autres formes du nom ont été utilisées. On retrouve ainsi « Jazniacum » en 989, « Jauniacum » en 1141, « Jaunaicum » en 1162, et à partir du XVIe siècle, « Jaunayum » ou « Jauneium ».

Quant à la forme française, elle a également connu plusieurs variations. On retrouve ainsi « Jaunai » (1218), « Jaunay » (1393, 1515, 1583, 1599, 1725), « Jaunais » (1735, 1736, 1760, 1769, 1770), et « Jaulnay » (1575, 1596, 1598).

Du point de vue de l’importance locale, Jaulnay comptait un nombre considérable de feux au XVIIIe siècle, avec 330 en 1730, 315 en 1789 et 245 en 1770. Le nombre de communiants était également élevé, atteignant 1200 en 1782 selon le Pouillé.

Sur le plan administratif, Jaulnay faisait partie de la Chatellenie, du ressort, de la généralité, de l’élection et de la subdélégation de Poitiers. Le seigneur du village était l’Abesse de Fontevraud.

La paroisse de Jaulnay était dédiée à saint Denis et faisait partie de l’archiprêté de Lassie. Les pouillés de 1647 à 1782 confirment cette dédicace et mentionnent le patronage de l’abbé de Burgolio. Les revenus de la cure s’élevaient à 353 livres en 1728.

Une voie romaine passait par Jaulnay, autrefois connue sous le nom de Gelnacum. Cette voie reliait Poitiers à Tours et possédait une station à cet endroit, comme le mentionne Dufour dans son ouvrage « De l’ancien Poitou ».

La viguerie de Jaulnay, appelée « vicaria Jozniaco », faisait partie du pays de Poitiers, pagus Pictavensis. Son établissement remonte à l’année 989.

Ces informations, extraites des recherches de Mgr Barbier de Montault, permettent d’appréhender l’évolution du nom de Jaulnay à travers les siècles et de comprendre son importance historique au sein de la région de Poitiers.

Sources:

  • Textes originaux cités provenant de la « Vita S. Leodegarii » et de la « Vita ejusd. auct. Frulando »
  • Recherches de Mgr Barbier de Montault.
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